De belles lectures pour vos longues, longues soirées…

Roman, République tchèque
Le Silence des carpes, Jérôme Bonnetto, 2021, éditions Inculte, 18,90€

Plic. Plic. Plic. Plic ! Jamais l’inépuisable goutte qui se suicide du robinet qui fuit n’aura été aussi tangible. Plic. Plic. Elle va vous assiéger. Elle va vous obséder, tout comme elle obsède Paul Solveig – son observateur, sa victime.

Comme pour Paul, la quarantaine parisienne et confortable, la goutte honnie va faire voler aux éclats vos certitudes, et votre cadre de vie. L’incessante litanie accompagnera le départ de votre conjoint.e, anesthésiera votre perte et vous conduira… en Moravie !
Qu’est-ce qu’on est heureuse d’avoir adopté Jérôme Bonnetto pour accompagner nos désormais TRÈS longues soirées de janvier. Le Silence des carpes est un roman attachant et rythmé, à la verve gentiment précieuse et à l’ironie mordante. Votre couvre-feu prendra des allures d’invitation au voyage incongrue et bohème. Un seul conseil : succombez !

Récit, mondes souterrains
Underland, Robert Macfarlane, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Patrick Hersant, 2020, éditions Les Arènes, 24,90€

Avouez-le : vous avez une furieuse envie de faire l’autruche, n’est-ce pas ? D’enfouir la tête sous l’oreiller, voire le bec dans le sable ? Alors voici LA lecture qu’il vous faut : Underland est un extraordinaire récit de multiples découvertes souterraines.

Depuis les mines de sel du Yorkshire transformées en laboratoires d’étude de la matière noire, jusqu’aux grottes ornées de peintures rupestres dans les Lofoten, en passant par les catacombes de Paris, ou encore une plongée dans la communication végétale via des réseaux de racines de milliers de kilomètres, cet écrivain-voyageur britannique a passé sept ans à explorer ce que cache et recèle le sol sous nos pieds.
Loin de se contenter d’un simple inventaire de ses aventures, il propose une remarquable mise en perspective de ses découvertes, étayée par des faits, chiffres et propos scientifiques. De quoi nourrir une belle et solide réflexion autour de ce plancher des vaches qui, de tout temps, a permis à l’être humain de « protéger, produire, reléguer ».

BD, rêverie
Le Discours de la panthère, Jérémie Moreau, 2020, éditions 2024, 26,90€

Quand on ouvre cette BD majestueuse, imprimée sur du papier de grande qualité, ce qui saute aux yeux ce sont les couleurs : les bleus sont profonds, les orange intenses, les couleurs complémentaires s’agencent dans de magnifiques juxtapositions.


Nous sommes au beau milieu du règne animal, dans un univers où l’être humain est absent (et c’est drôlement reposant !). Un buffle s’évertue à pousser une île afin qu’elle s’écarte de la trajectoire d’une comète. Plus loin, on suit les errances d’une autruche en proie au doute, un bernard-l’hermite en quête de la plus grande coquille possible, ou encore un vieil éléphant qui tente d’enseigner à un éléphanteau l’histoire de l’univers depuis sa création.
À la lecture, on pense aux fables de La Fontaine qui se seraient transposées sous les tropiques. Pourtant, même si des sujets existentiels sont au cœur de ces histoires entrecroisées – la vie, la mort, la transmission, l’entraide –, Jérémie Moreau se garde bien de tout discours moralisateur. On peut donc, au choix, rêver ou réfléchir en lisant ses planches. Et c’est ce qui fait de ce Discours de la panthère une BD formidable, parfaite pour toute la famille, de 7 à 107 ans !

Roman, Argentine
Les Nuages, Juan José Saer, traduit de l’espagnol (Argentine) par Philippe Bataillon, éditions Le Tripode, 2020, 19€

« Offre de l’espace à ton désir », nous intime Juan José Saer en épigraphe à son roman Les Nuages.
Il faut dire que l’espace, les brumes et l’ardeur sont au cœur de cette folle et élégante épopée argentine, qui nous fait voyager de la pampa désertique aux confins de la raison humaine.

Nous sommes en 1804 et une caravane doit passer, de Santa Fe à Buenos Aires. Chapeautée par Real, elle doit convoyer en toute sécurité cinq patients aliénés – dont veulent se débarrasser leurs familles – jusqu’à l’établissement de santé du Docteur Weiss, adepte d’une psychologie moderne, respectueuse et libertaire.
Une nonne nymphomane, un dandy mégalo, un jeune mélancolique d’une profonde apathie, deux frères atteints de délire linguistique et une escorte de « gauchos » argentins : le convoi est complet ! Indiens solitaires et sanguinaires, sécheresse aride, flammes de l’enfer… Nombreux sont, par contre, les dangers qui guettent le convoi des fous dans sa traversée du désert. Et dans la pampa désolée, la frontière entre raison et hallucination se fait de plus en plus ténue…
Saer explore la démesure – des éléments, de l’esprit humain – avec brio et bienveillance. Sa plume est ciselée, savamment malicieuse. On arrive à destination à regret, un peu hagard, amusé et conquis. Rien de moins qu’une pépite, que l’on doit aux toujours excellentes éditions Le Tripode.
(Et chapeau bas au traducteur !)

Des coups de cœur pour Noël !

BD, en pleine mer
Tout seul, Christophe Chabouté, 2008, éditions Vents d’Ouest, 25,50€

« Un navire de pierre immobile, un bateau de granit qui ne tangue pas, il ne nous emmène nulle part, il n’accoste jamais. À bord d’un phare, on ne rejoint jamais aucun port… » Un phare, son gardien-prisonnier, quelques menus objets apportés par les flots, un vieux dictionnaire sur un petit bureau, le pouvoir de l’imagination et à peine quelques mots : le décor est planté.

« Tout seul » vit dans le phare. La cinquantaine, difforme et coupé du monde, il n’a jamais posé le pied sur la terre ferme. Ses jours ne sont qu’une éternelle répétition dans un espace clos et ouvert aux quatre vents. Il pêche, un chalutier de temps à autre dépose quelques caisses pour le ravitailler. Et à la nuit tombée s’opère la magie. Au gré du hasard il laisse ses doigts s’arrêter sur une entrée ou bien une autre de la vieille encyclopédie défraîchie, et réinterprète le monde, le langage, à la lumière de son imagination pure et préservée des hommes.
Bataille, voyage, hautbois, champignon, papillon, labyrinthe, confetti, prison, monstre, footing, solitude, monocotylédone, métaphore, cor, fée, routine, synapomorphie… chapelet de définitions et interprétations qui prennent vie en noir et blanc, d’une poésie rare, précieuse, indicible.
Rituel inlassable qui amènera le vieil homme, mieux vaut tard que jamais, à se rêver visiteur de ce vaste monde qu’il n’habite qu’en pensée.

Roman, États-Unis
No no boy, John Okada, 2020, éditions du Sonneur, 22€

Publié en 1957, ce roman de John Okada fait la lumière sur ces jeunes Japonais nés aux États-Unis mais qui, après l’attaque de Pearl Harbor en 1941, refusèrent à la fois de rejoindre l’armée et de prêter allégeance à leur patrie d’adoption. Un double « no » qui leur a valu ce surnom en forme de stigmatisation.

L’histoire se passe dans l’immédiat après-guerre. Ichiro, un « no no boy » de 25 ans, vient juste de sortir de prison. Voici donc l’histoire de sa réinsertion dans la société américaine. Il croise des Japonais qui ont connu l’enfermement dans ces camps où les États-Unis ont interné un pan entier de leur population, au simple prétexte qu’ils étaient d’origine japonaise, et donc de potentiels espions. Il retrouve ses parents, et notamment sa mère, qui soutient mordicus que la défaite du Japon est un mensonge (on parlerait aujourd’hui de « fake news »). Il tente de retrouver du travail, tout en se heurtant aux regards suspicieux d’Américains qui ne comprennent pas pourquoi il n’a pas voulu se battre à leurs côtés.
De fait, Ichiro lui-même ne comprend pas très bien la décision qui l’a poussé à dire « non » deux fois. Par un excès d’anti-militarisme qui ne s’assume pas ? Par respect pour les sacrifices de ses parents exilés ? Une chose est claire, toutefois : sa réinsertion est semée d’embûches, provenant des autres autant que de lui-même.
No no boy possède ce rythme ample des livres qui explorent tous les recoins d’un seul et même thème. Vibrant plaidoyer contre la guerre, le racisme et le communautarisme, il se décline en scènes qui rappellent les travellings de cinéma, ceux qui durent de longues minutes sans coupe, pour nous plonger au cœur même des émotions d’un personnage. C’est puissant, c’est prenant, c’est encore une magnifique découverte.

Album jeunesse, rêverie
L’Enfant fleuve, texte de Cécile Elma Roger, illustrations d’Ève Gentilhomme, 2020, Le diplodocus, 13,90€

Le rêve d’Abel n’est pas commun : quand il sera grand, il sera un fleuve ! Mais c’est bien connu, les rêves un peu étranges et pas communs sont hélas difficiles à faire accepter… Ses copains trouvent tout un tas de mauvaises raisons pour lui faire renoncer à ce rêve d’eau et de méandres.

Par bonheur, Abel sait. Il sait qu’être un fleuve, ça ne sera pas fatigant, puisqu’il se laissera porter. Sans jambes ni bras, ça ne l’empêchera pas de traverser des continents et de porter des baleines. Et les orages ? Et l’évaporation ? Même pas peur ! Abel protège son rêve face aux rabat-joie qui n’y entendent rien. Et peut-être va-t-il même les faire changer d’avis… Car quoi de mieux qu’un rêve, pour voir l’avenir vous sourire ?
Cet album aux belles couleurs primaires donne confiance. Il permet de comprendre qu’avoir des rêves, c’est une grande force. Et peu importe ce qu’en diront les autres ! Un message magnifique, à transmettre dès 4 ans avec cette histoire qui nous touche en plein cœur.

Roman globe-trotter
Le Voleur de plumes, Kirk Wallace Johnson, 2020, éditions Marchialy, 22€

Tout commence par une rencontre : celle d’un auteur, Kirk Wallace Johnson, également et surtout fondateur d’une ONG qui aide des réfugiés irakiens sur le sol américain. Travail astreignant et chronophage s’il en est… et désespérant cela va sans dire !

Proche de la dépression, il s’octroie de temps à autre des parenthèses enchantées au bord de l’eau, et c’est lors d’une de ces sessions de pêche à la mouche qu’il va entendre parler d’un fait divers exceptionnel qui l’obsèdera de longues années durant : le cambriolage du Museum d’Histoire naturelle de Tring, dépossédé de centaines d’oiseaux rares par un jeune flûtiste virtuose de la Royal Academy de Londres et grand espoir du montage de mouche, Edwin Rist.
L’auteur du crime a avoué les faits et jure avoir agi seul. Il fut diagnostiqué Asperger par le Docteur Simon Baron-Cohen (oui oui, le cousin du Sacha du même nom !), il n’a pas été considéré comme responsable de ses actes et coule aujourd’hui des jours presque normaux… Or la majorité de ces plumages de paradisiers et autres cotingas manquent encore à l’appel ! Vaste manipulation ? Trafic d’animaux sauvages en bande organisée ? Casse compulsif perpétré par un jeune esprit passionné et instable ?
Échappatoire délirante à son quotidien surmené, Johnson se plonge à corps perdu dans ce mystère et se jure d’obtenir des réponses. Mystère fait de plumes hautes en couleurs, de chapeaux victoriens, d’explorateurs malchanceux, de chercheurs désemparés, de pilleurs de tombes, de sommes d’argent insensées, d’artistes obsessionnels du montage de mouche n’ayant jamais tiré une ligne. On y croise Darwin, Wallace (le naturaliste explorateur, cette fois), la famille Rothschild et Donald Trump et, au cœur de tout cet improbable catalogue, un jeune flûtiste-monteur prodige et cambrioleur…
Voici une enquête minutieuse, historique, précise, remarquablement écrite et jamais barbante, qui ménage son suspense et nous invite à questionner notre obsession pour la beauté et notre désir de la posséder, à n’importe quel prix. JUBILATOIRE et PASSIONNANT !

🎶 « Je n’suis pas un robot ! » 🎶

Allez, j’ose plagier un p’tit air de Daniel Ballavoine pour écrire ce texte.

Ça y est, vous l’avez bien en tête vous aussi ? Alors voilà :

Beaucoup de celles et ceux qui lisent ce message savent déjà tout ce que je vais écrire, mais j’ai besoin de le préciser, face à l’impatience à laquelle je suis souvent confrontée en ce moment…

Quand vous cliquez sur « Commander » via la plateforme de vente en ligne leslibraires.fr, je reçois un petit mail qui m’enjoint de préparer votre commande. Et je m’en occupe dans les plus brefs délais (le jour même si je suis à la librairie), avec plaisir et gratitude ! Mais s’il vous plaît, n’oubliez pas que

👉 si le livre n’est pas en stock à La Géosphère, il faut compter un délai d’une semaine minimum pour que je le reçoive, délai auquel s’ajoutent encore deux jours si vous avez choisi l’envoi en Colissimo ;

👉 certaines commandes très spécifiques auprès de tout petits éditeurs nécessitent un traitement particulier, avec notamment une prise de contact directe avec l’éditeur, qui facturera bien souvent des frais de port supplémentaires. Là encore, je le fais bien volontiers, mais comprenez que cela rallonge d’autant les délais et que, parfois, cela m’oblige à répercuter ces frais de port supplémentaires sur votre facture (jamais sans vous prévenir, jamais sans vous demander votre accord au préalable), sinon je travaille à perte ;

👉 les horaires et les délais de la Poste sont ce qu’ils sont, et je n’ai hélas pas le don d’ubiquité pour déposer votre paquet à la Poste alors que la librairie est ouverte pour le retrait des commandes ;

👉 je suis seule en boutique actuellement pour servir les personnes venues retirer leurs commandes, faire les emballages cadeaux, répondre aux mails, décrocher le téléphone, réceptionner les cartons de livres, traiter les commandes, préparer les Colissimo, aller faire la queue à la Poste… Je travaille en flux tendu (bien souvent sans prendre de pause) – et, encore une fois, je le fais de bon cœur, tant je suis reconnaissante face aux soutiens qui affluent –, mais je n’ai pas de super-pouvoirs et mes journées de travail n’ont « que » 10 heures !

En résumé : même si vous commandez sur Internet, il y a une humaine de l’autre côté de votre écran, et cette humaine a besoin, comme vous, de quelques heures de sommeil chaque nuit, de pauses pipi et, surtout, de relations empathiques, dans une période où le métier de libraire n’a plus la moindre saveur !

🤖 Parce que voilà, je n’suis pas un robot…
(et d’ailleurs, pas un héros non plus, même si le masque pourrait me donner, en cherchant bien, de vagues airs de Fantômette)

Merci de tout cœur pour votre patience et votre compréhension !

Magali Brieussel

Participez à notre cercle de lecture virtuel !

Samedi 14 novembre, 16h-18h, en ligne

Partageons nos lectures ! Thématique proposée : Mondes sauvages. Présentez-nous un ou deux livres que ce thème vous évoque. Vous pouvez aussi trouver l’inspiration dans notre bibliographie indicative (pdf) : Cercle de lecture #7 – Mondes sauvages

Ce rendez-vous est ouvert à tou-te-s, sur inscription. Pour des raisons de fluidité des échanges, le nombre de participant-e-s est limité à 10 personnes.

Envie de participer ?
Il vous suffit de nous envoyer un mail (librairiegeosphere@gmail.com)
pour recevoir, le jour J, le lien de connexion à cette réunion virtuelle.

Nouveau : réservez et commandez vos livres en ligne !

Vous pouvez désormais commander vos livres à La Géosphère via le site leslibraires.fr, le portail de la librairie indépendante ! Si le titre qui vous intéresse est disponible dans notre stock, réservez-le d’un simple clic. S’il n’est pas disponible, commandez-le-nous… d’un simple clic aussi !

Ensuite, vous pouvez choisir soit de venir retirer votre commande à La Géosphère, soit de la recevoir chez vous (envoi en Colissimo).

Bien entendu, nous continuons de traiter les commandes adressées par mail (librairiegeosphere@gmail.com).

🎅 Petit conseil d’amies : songez dès maintenant à vos cadeaux de Noël, car les délais de livraison risquent d’être perturbés ces prochaines semaines. Toute commande de Noël confiée à La Géosphère sera empaquetée par nos soins – et une petite surprise accompagnera les commandes de 50€ et plus.

Service de retrait des commandes

Le retrait de commandes à l’entrée de la librairie est autorisé, vous allez donc pouvoir faire le plein de belles et bonnes lectures. Nous vous donnons donc rendez-vous dès le 3 novembre

le mardi, le vendredi et le samedi de 11h à 18h.

Présentez-vous à la librairie au moment qui vous convient le mieux !

📚 Si vous avez des livres qui vous attendent déjà à La Géosphère, n’hésitez pas à venir les récupérer aux horaires de retrait.

📚 Si vous souhaitez nous commander des livres, c’est possible ! Nous pouvons non seulement puiser dans nos stocks, mais aussi commander auprès de nos fournisseurs les titres que nous n’avons pas en stock. Pensez à vos cadeaux de Noël, car les délais de livraison risquent d’être perturbés ces prochaines semaines. Toute commande de Noël confiée à La Géosphère sera empaquetée par nos soins – et une petite surprise accompagnera les commandes de 50€ et plus.

📚 Si vous souhaitez nous demander conseil, n’hésitez pas ! Envoyez-nous un mail (librairiegeosphere@gmail.com) et nous aurons grand plaisir à vous conseiller, par écrit ou par téléphone.

📚 Si vous souhaitez créditer un avoir (valable un an), pour vous ou pour l’un-e de vos proches (cadeau de Noël par exemple), il vous suffit de nous en faire la demande par mail et nous vous indiquerons la marche à suivre.

📚 Si vous souhaitez faire un don de soutien à La Géosphère, idem.

Et si vous avez des questions, nous sommes à votre écoute !

✨ Encore merci pour votre présence et votre soutien, qui permettent à la culture en général, et aux petites librairies en particulier, de survivre et d’illuminer nos quotidiens !

Dessin de Riad Sattouf

[Des nouvelles du front]

❤️ Chers lecteurs, chères lectrices, chers ami-e-s,

Nous avions beau nous y attendre, nous avons beau l’avoir déjà vécu, ce second confinement nous terrasse autant que le premier, si ce n’est davantage. Comment retrouver toute l’énergie déployée au printemps ? Comment remobiliser les soutiens qui furent alors si nombreux ?

🙏 J’ai trouvé la réponse en vous accueillant hier pour d’ultimes conseils de lecture, en entendant tous vos encouragements, en lisant vos multiples mots d’amitié. La réponse, c’est tout simplement que vous êtes toujours là, incroyablement présents et réconfortants malgré les difficultés que, vous aussi, vous rencontrez. Et pour cela, je tenais à vous dire un immense MERCI. C’est dans cette volonté unanime que vous avez, à nos côtés, de continuer à faire vivre les petites libraires indépendantes, que je puise l’énergie de réinventer une nouvelle fois mon métier. Et votre désir sans équivoque de chercher dans vos lectures du réconfort, de la lumière et des idées qui font avancer, me donnent, ainsi qu’à ma chère coéquipière Anne, l’envie de continuer plus que jamais notre travail de conseil. Des pépites à lire et relire, il y en a une multitude, et nous allons les (re)découvrir ensemble pour les partager largement !

Fermeture jusqu’à nouvel ordre

En raison du reconfinement, la librairie La Géosphère sera fermée à compter du vendredi 30 octobre au matin – et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Tous nos événements sont suspendus.

Nous vous informerons prochainement sur l’éventuelle mise en place d’un service de retrait des commandes de livres à l’entrée de la librairie.

Restons en contact, continuons à lire pour nous évader !

Lecture franco-allemande avec Lydie Parisse

Afin de nous adapter aux contraintes liées au couvre-feu, cette lecture a été décalée au
Samedi 31 octobre, 14h30
Centre Lacordaire (6, rue des Augustins)

Dans L’Opposante de la presqu’île (éditions Domens, 2020), Lydie Parisse donne la parole à une Bretonne de 97 ans qui évoque, avec lyrisme et poésie, le temps de sa jeunesse pendant l’Occupation allemande.
L’autrice présentera son livre et en lira des extraits, avec la complicité de Luise Steidtmann, qui lira des passages en allemand de Die Gegenspielerin (éditions Noack & Block, 2020).

Soirée organisée en partenariat avec Occitanie Livre et Lecture,
dans le cadre de la Quinzaine franco-allemande en Occitanie

Entrée libre, dans la limite des places disponibles,
et dans le respect des mesures sanitaires en vigueur.

Quelques-uns de nos coups de cœur de la rentrée littéraire 2020

Roman, République Dominicaine
Les Tentacules, Rita Indiana, 2020, éditions Rue de l’échiquier, 17€

🐙 Sûrement que son nom ne vous dit rien, mais Rita Indiana est une star sous le soleil des Caraïbes ! Chanteuse, compositrice, icône de la communauté queer, elle nous plonge avec Les Tentacules dans une fiction protéiforme qui dresse le portrait au vitriol de l’Histoire caribéenne.
🐙 Placées sous l’égide de maître Shakespeare, Les Tentacules nous propulsent d’emblée en 2027 dans une République Dominicaine transfigurée par les catastrophes climatiques, l’hyper-surveillance technologique et la misère, sous le joug bien entendu d’une dictature implacable. On suit le parcours d’Acilde, une « pédale » qui se prostitue, amassant le pactole afin de se payer une dose de Rainbow Bright, substance illicite qui permet de changer de sexe. Elle rencontrera sur son chemin une vieille sorcière prêtresse de la Santeria (religion originaire de Cuba dérivée de la religion yoruba) et une anémone mystérieuse qui feront basculer sa vie.
🐙 Pendant ce temps-là, dans les années 1990, un couple de mécènes plus ou moins véreux chapeautent l’organisation d’une action culturelle, artistique et sociale dans le but avoué de construire un laboratoire préservant ce qu’il reste de la barrière de corail. Argenis, un artiste raté (donc parfaitement cynique), fait partie du programme. Lors d’une plongée il se frotte d’un peu trop près à… une anémone (!) et va commencer à réaliser qu’il habite simultanément deux mondes : le sien, et celui du XVIIe siècle, où il fait de la contrebande avec des flibustiers pourchassés par les Espagnols. Hallucinations, sorcellerie ou voyage temporel ?
🐙 Une narration gigogne et parfaitement maîtrisée qui part à l’abordage de sujets aussi brûlants que l’identité sexuelle, les inégalités sociales, la (dé)colonisation et les enjeux environnementaux. Un patchwork survitaminé qui fait se côtoyer Abba et Goya, divinités de la Santeria et intelligence artificielle. Alors, êtes-vous prêt.e.s à tourbillonner ?

Roman, forêt
Le Sanctuaire, Laurine Roux, 2020, éditions du Sonneur, 16€

🌳 Cela ressemblerait presque à un doux roman de retour à la nature : il y a Papa, Maman et leurs deux filles, installés dans une cabane au fin fond d’une forêt grandiose. Sauf qu’il n’y a plus personne alentour. Sauf qu’il faut survivre de la chasse, de la cueillette, et des rapines du père dans les ruines du monde d’avant. Sauf qu’il faut tuer le moindre oiseau pour éviter d’attraper la terrible maladie qu’ils véhiculent et qui a causé la perte du reste de l’humanité.
🌳 Gemma, la narratrice, est née dans cet environnement sauvage, dont l’hostilité lui est familière. Quoique son père ait fait d’elle une chasseuse hors pair, parfaitement adaptée à la forêt, il ne peut l’empêcher de rêver à ce monde d’avant que la mère évoque dans des monologues au goût de miel et de nostalgie. Entrer dans l’adolescence, pour les deux sœurs, c’est – malgré elles, malgré leur père – aspirer à outrepasser les limites de ce sanctuaire préservé. C’est aller au-devant de dangers, de falaises, d’intrus ; autant d’éléments inconnus qui, s’ils ne leur coûtent pas la vie, les feront grandir et changer à jamais.
🌳 Roman plein d’une grâce mélancolique, parfois ténébreuse, Le Sanctuaire est une de ces pépites que vous lisez d’une traite, tiraillé.e entre l’urgence d’avaler ce délice et la retenue nécessaire à en savourer chaque phrase. Car l’écriture de Laurine Roux est une pure merveille, parsemée de trouvailles poétiques comme autant d’envolées d’oiseaux et de colliers de rosée.

Roman, montagne
La Géante, Laurence Vilaine, 2020, éditions Zulma, 17,50€

La Géante n’a pas besoin de mots. La Géante est humble, sans fioriture, sans mièvrerie et le risque d’une critique serait de plomber ce roman fulgurant de formules trop lourdes à endosser.
🧡 Car si La Géante ne raconte pas grand-chose, une intense poésie s’exhale de ses pages. Une poésie simple et juste, qui nous attache aux pas d’une femme, rythmés, à flanc de montagne.
🧡 Car de femme il est question. De femmes et de montagne. Deux femmes, un homme et l’ombre imposante de la montagne pour être précis. Lui a choisi de vivre sa maladie isolé dans ce village. L’une l’accueille, taiseuse, et garde pour elle le courrier qu’il n’ouvre pas. L’autre sillonne le monde et l’attend, le cherche au détour des rues, le débusque dans ses rêves. Elle l’aime et lui écrit.
🧡 Car La Géante nous dit l’amour. L’amour et le soleil, dont les éclats aveuglent. L’amour et la lâcheté, tout ce qui fait la vie en somme. L’amour et la nature, la montagne surtout. Ces montagnes imposantes, écrasantes parfois ; celles qu’on ne quitte jamais ; celles qu’on se construit aussi, infranchissables à soi-même.
Un mot de plus serait de trop : offrez-vous une balade en fond de vallée, rencontrez La Géante.

Roman, Nouvelle-Zélande
Le Patriarche, Witi Ihimaera, 2020, éditions Au vent des îles, 21€

🐑 Cap aux antipodes ! Les éditions tahitiennes Au vent des îles nous offrent l’immense et indicible bonheur de traduire en français l’écrivain maori Witi Ihimaera. Après Faux-semblant, court roman intimiste mettant en scène une chamane maorie aux prises avec la société pakeha (blanche), voici donc Le Patriarche, splendide saga familiale au rythme endiablé.
🐑 Nous sommes dans la Nouvelle-Zélande des années 1950, au sein d’une famille maorie chrétienne qui a fait fortune dans le business de la tonte des moutons. Le narrateur, un jeune ado, peine à trouver sa place parmi ses neuf frères et sœurs, d’autant qu’il est… le mouton noir aux yeux de son tyrannique grand-père. Loin des cartes postales, on suit dans ce roman le quotidien mouvementé de cette pétulante famille qui se confesse aussi bien à la messe que face à leur aïeul aux sentences indiscutables. Ce patriarche régente les siens avec une poigne digne d’un mafioso sicilien, faisant régner la terreur jusque dans la famille rivale. C’en est trop pour la jeune génération, qui aspire à danser le rock’n’oll, flirter dans les salles de cinéma et sortir en ville faire du shopping. Mais comment se rebeller face à une telle personnalité ?
🐑 Entre coups de gueule et secrets de famille, concours de danse et compétition de tonte, Le Patriarche vous procure une intense évasion, un très savoureux moment de lecture sur un rythme endiablé !

Rencontre spéléologie « Un voyage de l’intérieur »

Les Amis de La Géosphère vous invitent !

Jeudi 15 octobre, 20h au Gazette Café

Philippe Crochet a commencé à pratiquer la spéléologie à l’âge de 16 ans. Déjà très intéressé par la photographie, il a aussitôt eu comme objectif de ramener des images du monde souterrain afin de faire connaître les beautés de ce milieu si particulier et méconnu. Dès le début, son épouse, Annie Guiraud, a pleinement adhéré à sa passion pour la spéléologie. Philippe est toujours derrière l’appareil tandis qu’Annie joue à la fois le rôle de modèle et d’assistante. Au cours de la dernière décennie, ils ont voyagé ans le monde entier, invités par des spéléologues désireux de leur faire connaître les plus belles cavités de leur pays.

Ce sont ces expériences vécues dans différents pays (Iran, Brésil, Laos, Bornéo, Nouvelle-Zélande, USA, Japon…) que Philippe et Annie vous proposent de partager, sur grand écran !

Entrée libre, dans la limite des places disponibles, et dans le respect des mesures sanitaires en vigueur.